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Précarisées et violentées…

Le rapport annuel sur les violences faites aux femmes, présenté par Oyoune Nissaiya, l’Observatoire marocain des violences faites aux femmes, à Casablanca, le 8 décembre dernier, fait froid dans le dos. Ce neuvième rapport, intitulé à juste titre, « Femmes démunies face aux violences », fruit de chiffres compilés et étudiés par une dizaines de centres d’écoute faisant partie de l’Observatoire marocain des violences faites aux femmes, confirme la tendance à la hausse des violences contre les femmes. Il montre également que les mesures prises par l’État ne sont pas à la hauteur de cette situation dramatique.

« La plupart des femmes violentées sont de jeunes femmes. Elles sont économiquement dépendantes des époux, des femmes au foyer ou au chômage. Celles qui travaillent ont des activités précaires. La plupart des femmes violentées sont mariées et mères d’enfants », précise Najat Razi, présidente de l’Association marocaine pour les droits des femmes (AMDF), qui fait partie de l’Observatoire. La grande caractéristique de ce rapport de 2017 est le profil prédominant de ces femmes : « Ce sont des femmes pauvres et précarisées, vivant en grande partie dans des bidonvilles ou dans une chambre avec des voisins dans la même maison et totalement dépendantes économiquement », ajoute Najat Razi.

Pour ce qui est des chiffres, Oyoune Nissaiya a documenté 4 603 cas de femmes violentées, « qui ont osé briser le silence et se présenter aux centres d’écoute pendant l’année 2016 ». Sur ces femmes, six ont été assassinées et une s’est suicidée. Sur ces cas, 60,03 % sont sans emploi, 16,50 % sont ouvrières et 9,01 %, agents d’entretien. Quatre femmes sur 10 habitent des bidonvilles ou dans une chambre. Ces 4 603 femmes ont subi 14 724 actes de violence. 41,01 % de ces violences sont psychologiques (insultes, violences verbales, menaces de coups, de torture, d’expulsion et de meurtre). Le taux de violences physiques est de 34,21 %. Quant aux violences économiques, elle atteint les 10,91 %. Enfin, 622 femmes ont subi des violences sexuelles.

Hicham Houdaïfa

8 décembre 2017