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Au revoir Lotfi Chawqui

Aujourd’hui à Grenoble a été mis en terre notre ami Lotfi Chawqui, emporté le 20 novembre dernier à l’âge de 53 ans par une maladie fulgurante.

Nos pensées vont à sa famille, à ses enfants, si jeunes.

Et à ses camarades militants bouleversés et unanimes dans leur hommage.

Lotfi Chawqui

Lotfi Chawqui était un vrai intellectuel engagé : un engagement de terrain, concret, comme l’aide à la réinsertion des anciens prisonniers, mais aussi une immense curiosité, une soif de savoir, de comprendre et de donner à comprendre.

Chercheur associé au Centre tricontinental (CETRI), à Louvain-la-Neuve en Belgique, il était militant de la gauche radicale, engagé entre autres à ATTAC et à Maroc Solidarités citoyennes.

Je l’ai brièvement connu à Grenoble en 2013, où il avait activement contribué à organiser une rencontre à la Maison de la poésie Rhône Alpes, sur la revue Souffles. Je me souviens de ce moment exceptionnel, autour d’un thé avec ses amies, ses aînées militantes aux Comités de lutte contre la répression au Maroc et à Amnesty International. Elles racontaient les lettres à ces prisonniers qu’elles connaissaient à peine, pour les soutenir, les campagnes pour lever des fonds… En riant, elles disaient qu’elles étaient « les panthères grises ». Et lui, les yeux pétillants, captivé, il écoutait. Je crois que ces moments avaient pour lui le goût du bonheur.

Lotfi Chawqi laisse une œuvre abondante, de nombreux articles dans différentes revues, comme la revue de critique communiste Contretemps ou la revue Taharrouriyat, dont il était un contributeur actif. Des textes mus par la colère et le désir de plus de justice et de dignité pour le Maroc, que le site Europe solidaire sans frontières en a recensés près d’une cinquantaine ici.

Il était aussi l’auteur de deux ouvrages.


Le premier, Abraham Serfaty, itinéraires politiques d’un militant révolutionnaire (Transit, La Courte échelle, 2011), était un hommage à Abraham Serfaty autant qu’un bilan de ses positions politiques.

Le second, Défis marocains, mouvements sociaux contre capitalisme prédateur (Syllepse, novembre 2020), dressait un tableau lucide des enjeux économiques et politiques au Maroc.

Une cagnotte vient d’être mise en ligne pour la traduction en arabe de ce dernier ouvrage.

Sa lucidité, sa générosité et son sourire nous manquent.

Kenza Sefrioui

1 décembre 2020