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Farouk Mardam-Bey : « Le printemps arabe n’a pas boosté le lectorat »

Le 19 juin dernier, Farouk Mardam-Bey donnait un webinar dans le cadre du Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris (CAREP) sur la promotion de la littérature arabe en France.

Le directeur de la collection Sindbad chez Actes Sud, principal traducteur de littérature arabe en français, y analysait l’histoire et les défis actuels de ce mouvement récent mais encore marginal.

Les traductions en arabe représentent moins de 1 % de l’ensemble des traductions en français, même si l’arabe « n’est pas au dernier échelon des langues non européennes », figurant devant le mandarin et les langues de l’Inde. Il a attiré l’attention sur le fait que ces chiffres ne tiennent pas compte des livres de prosélytisme diffusé chez des libraires spécialisés sans passer par des réseaux nationaux.

Farouk Mardam-Bey a rappelé le « problème de déficit de traduction des sciences humaines et sociales arabes vers le français » : 15 titres en 40 ans…

Il a souligné les problèmes de visibilité et de débouchés commerciaux dans des librairies saturées par un marché dominé par la surproduction, rendant très difficile de faire exister des œuvres même primées, et « même quand elles ont un très bon écho dans les médias ». L’enjeu majeur est, plus que de subventionner des traductions, d’en organiser la diffusion et de susciter l’intérêt, malgré le contexte d’islamophobie et d’arabophobie en France. Et d’en appeler à la mise en place de formations à destination de libraires et de bibliothécaires pour mieux les informer.

Car « la littérature arabe existe et est présente depuis 40 ans dans le paysage culturel français » : les œuvres d’Abu Nuwas ont dépassé les 10 000 exemplaires, fait rarissime pour un poète, a fortiori du IXème siècle.

Lors du débat, il a été question de la représentativité des différents pays arabes, la traduction faisant la part belle aujourd’hui aux œuvres du Mashreq, de la qualité des traducteurs, de la présence de lecteurs arabisants dans les maisons d’édition, ainsi que de l’état du lectorat.

« Le printemps arabe n’a pas boosté le lectorat », regrettait en conclusion Farouk Mardam-Bey. « Je m’attendais à un regain d’intérêt pour le monde arabe, mais ça n’a pas été le cas. »

Kenza Sefrioui

29 juin 2020