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Hoba Hoba Spirit, le livre

Du son, de la photo et de l’émotion. Réda Allali retrace l’histoire sur près d’un quart de siècle du groupe casablancais.

« Tous les membres de Hoba font de la musique pour une bonne raison : ils ne peuvent pas s’en empêcher ». Depuis 2003, Hoba Hoba Spirit, né d’amitiés et d’un nom donné comme une blague, a fait vibrer les scènes. « Ce groupe, nous l’avons transporté avec nous, dans nos vies, à travers les années, comme un trésor », se réjouit Réda Allali, un de ses piliers, qui assume ce récit très personnel de cette aventure collective. Dans ce joli livre, plein d’illustrations et de QR codes renvoyant à des playlists, il nous emmène dans les coulisses du groupe et nous livre quelques recettes de son succès.

Un groupe sur la route

Réda Allali

Après un livre sur l’histoire du Maroc (Zakaria Boualem découvre l’histoire du Maroc, Éditions du Sirocco, 2022) et un livre sur le foot (Le bisou d’El Yamiq sur la tête de Pepe, Éditions du Sirocco, 2023), Réda Allali se confie sur sa première passion, la musique – inextricablement liée à l’écriture. D’ailleurs on y reconnaît la plume fluide et pleine d’humour de l’auteur de Zakaria Boualem, parfois un peu trop confiante dans sa fluidité. Dans Radio Hoba, il nous propose de jolis portraits de ces jeunes Casablancais qui ont fait des études relativement conventionnelles (ah… le passage par la banque…), sont de leurs temps (ils donnent des biberons), aiment voyager, rire, rencontrer leurs publics et les faire danser. Réda Allali retrace les débuts du groupe, la salle de la FOL, l’essor du Boulevard des jeunes musiciens. Il brosse au passage cet affectueux portrait d’un Momo, « capable de dialoguer sans effort avec un policier, un révolutionnaire, un ministre et un voleur à la tire sans se départir de son sourire bonhomme », à la fois diplomate et malicieux. Plus grave, il revient sur le procès des métalleux pour soi-disant satanisme et, stigmatisant un certain « nationalisme musical bizarre », il déplore : « Nous avons un problème avec l’art et la culture ». Il retrace les épiques tournées en Amérique du Nord et dans plusieurs pays d’Afrique, les festivals de toutes sorte où le groupe a été invité (celui de l’huile d’olive ou du safran), les mésaventures rencontrées, comme avec ce haut fonctionnaire qui les a réquisitionnés pour « jouer pour l’anniversaire de sa fille, qui avait loupé la date de la vieille, gratuitement bien entendu ». Il rend hommage à des artistes comme Abdelaziz Stati et Rouicha pour leur générosité. Il lance des piques aux anonymes mesquins croisés sur d’autres scènes, ou à la télé.

Le livre est aussi l’occasion de réfléchir sur les avantages d’avoir un certain fhamator en soi quand on écrit, car écrire, c’est « un état d’esprit » ! « Après tout, le fhamator existe depuis la nuit des temps, il vit avec nous, parfois en nous, il fallait donc juste s’intéresser quelques instants à lui pour le révéler au monde. » Réda Allali salue les grands qui ont inspiré le groupe : Boris Vian, dont Le Déserteur leur a soufflé Supercaid, et Bruce Springsteen pour The River, source de L’Hrig.

En plus de 20 ans, le groupe s’est transformé au gré des départs – « la femme européenne, la plus grande menace pour l’équilibre d’un groupe marocain » – et des arrivées. Le monde de la musique a profondément muté, faisant de l’album, aux lourds coûts de production, un « objet anachronique ». Restent les concerts, la scène et le public… Un récit qui rappellera à cette génération de chouettes souvenirs.

Et vous, vous lisez quoi ?

Kenza Sefrioui

Radio Hoba
Réda Allali
Éditions du Sirocco, 200 p., 145 DH

7 novembre 2025