Med-cultures : démocratiser le savoir

Depuis plus de dix ans, l’association Med-Cultures anime la vie culturelle de la ville du Détroit.

Le Pain Nu, Tanger. Cet établissement de restauration, qui a pris le nom d’une des œuvres les plus marquantes de la littérature marocaine, signée par un Tangérois de renom, Mohamed Choukri, propose à sa clientèle, en plus de mets et boissons, des rencontres littéraires : Les Lundis du Pain Nu. Derrière cette belle initiative, une association, Med-Cultures, qui s’est lancée dans l’aventure d’introduire le livre, littérature, poésie et non fiction, dans ce lieu mythique de la ville du Détroit. Une belle opération qui fait aujourd’hui des « Lundis du Pain Nu », un rendez-vous incontournable du livre à Tanger.

Jamal Boudouma présente son recueil au Pain Nu

Une vocation méditeranéenne

Med-Cultures a vu le jour en 2010 afin « d’animer la vie culturelle dans le Nord du Maroc et d’établir le dialogue entre penseurs, intellectuels et créateurs des deux rives de la Méditerranée. » Il s’agissait principalement d’organiser des rencontres littéraires, dans plusieurs endroits de la ville, notamment au Pain Nu et dans les locaux de la librairie La Virgule. L’association a mupltiplié les rendez-vous avec les écrivains les plus en vue du pays, auteurs d’essais ou de fictions, arabophones ou francophones : Mahi Binebine, Abdellatif Laâbi, Abderrahim Jamaï, Nadia Essalmi, Issam-Eddine Tbeur, Salah Bousrif… « Nous nous donnons comme objectif majeur de rapprocher le livre des potentiels lecteurs et nous pensons que les cafés littéraires sont un excellent moyen pour le faire. Nous accompagnons également les nouvelles publications en donnant l’occasion à leurs auteurs de les présenter dans un cadre agréable et devant un public averti », explique Ahmed Abbou, un des fondateurs de l’association, mais également de la librairie et de la maison d’édition La Virgule, avec qui Med-Cultures travaille en étroite collaboration. L’association organise des rencontres et autres cafés littéraires, à raison de deux à trois activités par semaine.

Med-Cultures s’est également investie dans les activités parascolaires, en organisant des rencontres littéraires dans les établissements publics et privés, en partenariat avec les directeurs de ces écoles. « C’est un projet qui nous tient à coeur même si on ne le fait plus aussi fréquemment que par le passé. C’est primordial de rapprocher les auteurs marocains des élèves et lycéens », ajoute Ahmed Abbou. Quant à la vocation méditerranéenne, l’association ne l’a pas encore concrétisée, même si Med-Cultures a déjà travaillé sur des traductions de textes vers la langue espagnole. « Nous voulons organiser un festival international des cultures de la Méditerranée avec la participation d’écrivains et autres créateurs du Maroc, du Portugal, d’Espagne et de France ici à Tanger », conclut Ahmed Abbou.

L’entretien

Rachid Khaless, président : « La culture pour tous est notre objectif majeur »

Rachid Khaless

Parlez-nous tout d’abord de l’association et de ses objectifs.

Med-Cultures est une association culturelle basée à Tanger. Le choix de la ville émane d’une vision réfléchie. Cette cité est ancrée en terre marocaine et regarde l’Europe. Il y a en elle ancrage et ouverture sur l’autre. La culture pour tous est un objectif majeur pour Med-Cultures. L’association se propose d’animer culturellement Tanger et le Nord et ambitionne de lancer un Festival international des cultures de la Méditerranée.

Quelles sont les principales actions entreprises ces dernières années ?

Med-Cultures met en œuvre un programme culturel annuel qui comprend des cafés littéraires, des rencontres thématiques avec des penseurs, des créateurs et des artistes. Mais l’association initie des projets au profit des élèves issus de l’enseignement public. Cette action porte sur la création et la lecture. Med-Cultures a réussi des projets à l’échelle nationale, notamment pour lever la censure autour du livre de Mohamed Leftah, Le Dernier Combat du Captain Ni’mat.

Quels sont les problèmes auxquels vous faites face ?

Le problème de toute association relève des contraintes financières et des entraves administratives. Nous bénéficions du soutien du ministère de la Culture. Mais notre travail soutenu sur l’année relève d’un engagement personnel des membres et amis de l’association.

Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Il y a un projet qui nous tient à cœur à Med-Cultures : lancer un Festival international des cultures de la Méditerranée. Tanger et le Nord méritent un évènement de cette envergure. La pensée et les imaginaires des peuples de la Méditerranée doivent dialoguer dans les sens vertical et horizontal en dehors des circuits traditionnels. Nous avons également l’ambition de fédérer les acteurs de la société civile autour d’un projet culturel.

Le portrait

Ahmed Abbou, trésorier : Militer par le livre

Ahmed Abdou

Natif de la ville de Tétouan, ce licencié en littérature française de l’Université de Rabat, qui a été professeur de français à Sidi Kacem et à Rabat, est une figure connue du livre et de l’édition dans la ville de Tanger. Fondateur et directeur pédagogique du groupe scolaire Les Lumières, il a également créé en 2010 la librairie La Virgule puis, cinq ans plus tard, les Éditions La Virgule, devenue ces dernières années, la maison d’édition de référence au Nord du pays. « Le changement ne peut s’opérer que par la culture et par un investissement dans l’Homme ». Ahmed Abbou, Hamid pour les intimes, a été aussi un acteur associatif de référence à Tanger, notamment au sein de l’association Initiatives citoyenneté éducation environnement et développement (AICEED) dont il a été président à plusieurs reprises. « L’engagement associatif est la conséquence de mon engagement politique pour la dignité et la justice sociale de toutes et de tous. »

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