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Un mémorandum sur les Dames de fraises

Le 10 octobre 2018, l’Instance de coordination nationale des associations des droits des femmes a publié un mémorandum qui interpelle les autorités marocaines, espagnoles et l’Union européenne sur les conditions de travail et d’accueil des saisonnières marocaines. Cette instance, issue du mouvement féminin marocain, est composée de la Fédération des ligues des droits des femmes, de l’Union de l’action féminine, de l’Association Jossour ainsi que de l’Association marocaine de lutte contre la violence à l’égard des femmes.

Le plaidoyer vise «  à améliorer les conditions de prévention et de protection des droits des ouvrières saisonnières marocaines dans les fermes de fraises dans la province de Huelva en Espagne ». Il opère un retour sur les conditions précaires de ces migrations saisonnières, discriminantes et violentes ainsi que sur la sensibilité de ce sujet, ces travaux offrant l’opportunité à des milliers de femmes d’obtenir un emploi saisonnier et donc la possibilité de réaliser une autonomie matérielle relative. Ce travail fait écho à la recherche de Chadia Arab dans son ouvrage Dames de fraises, doigts de fée. Les invisibles de la migration saisonnière au Maroc.

Un plaidoyer fondé sur le droit international

L’Instance rappelle que l’entente entre les autorités marocaines et espagnoles sur l’envoi saisonnier d’ouvrières agricoles précaires marocaines, dans la province espagnole de Huelva notamment, est contraire à de nombreuses normes constitutionnelles et de droit international public. En effet, les discriminations, violations, agressions et violences dont sont victimes ces travailleuses sont contraires aux principaux traités des Nations unies relatifs aux droits humains, tels que la Déclaration universelle des droits de l’Homme ou le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. L’Instance fonde également son plaidoyer sur la Convention internationale N°158 sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et les membres de leur famille, adoptée par la Résolution 45 de l’Assemblée générale des Nations unies le 18 décembre 1990. De nombreuses conventions, relatives à l’élimination de toutes les formes de discrimination raciales ou à l’égard des femmes, contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants sont mises en avant par ce mémorandum.

Appel aux autorités marocaines, espagnoles et européennes

L’Instance, qui a déjà interpellé par écrit le ministre du Travail et de l’Insertion sociale, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, le ministre délégué chargé des Marocains résidant à l’étranger et des questions de la migration ainsi que l’ambassadeur d’Espagne au Maroc, fait également appel aux autorités marocaines, espagnoles et européennes afin de protéger ces citoyennes et leur garantir des conditions de travail qui préservent la dignité humaine. Elle réclame également un suivi du dossier et des poursuites et du procès ainsi que la mise en place d’un appareil de soutien, de conseil juridique et de protection de ces ouvrières.

Le plaidoyer fournit des mesures à prendre afin d’améliorer les circonstances dans lesquelles se déroules les étapes ces migrations saisonnières.

Bien que les conditions de ces migrations soient de plus en plus décriées, une nouvelle opération d’enregistrement de candidates au travail dans les exploitations agricoles sera lancée au titre de la saison sur la base de l’accord existant entre le Maroc et l’Espagne.

Par ailleurs, une question écrite au gouvernement français au sujet des dames de fraises est toujours en attente de réponse.

Le mémorandum est téléchargeable ici.

Héloïse Russel-Holland

 

 

19 octobre 2018