AMVT: Pour un Maroc sans extrémisme
L’Association marocaine des victimes du terrorisme (AMVT) lutte sur le terrain, à travers ses actions, contre les idées extrémistes et le radicalisme religieux violent.
Mercredi 10 juillet 2019. L’AMVT organise à Casablanca un café littéraire avec le poète et écrivain Salah Bousrif, pour discuter d’un de ses livres. Une tradition que l’association tient à installer dans le cadre de son approche de sensibilisation par l’art, à travers des rencontres littéraires qui abordent des thématiques liées à la littérature et aux valeurs universelles. « Nous avons également organisé deux rencontres avec les étudiants des écoles supérieures des Beaux Arts à Tétouan et Casablanca, un atelier de peinture ainsi que des journées cinématographiques sur le thème du cinéma comme levier contre la radicalisation et la violence », lance Soad Bagdouri El Khammal, présidente de l’association. En effet, durant le mois de ramadan, l’association a organisé ses premières journées cinématographiques avec la projection de films comme Les 3M, histoire inachevée de Saad Chraïbi, Les Chevaux de Dieu de Nabil Ayouch ainsi qu’une soirée de conférence-débat.
Diffuser la culture de l’ouverture
L’Association marocaine des victimes du terrorisme a vu le jour en 2011. Elle a comme principaux objectifs d’apporter du soutien aux victimes du terrorisme, de commémorer les attentats afin de perpétuer la mémoire des victimes, de diffuser tout type d’informations se rapportant aux victimes, d’organiser différentes manifestations de sensibilisation de l’opinion publique sur le danger du terrorisme et de promouvoir la culture de la paix. L’AMVT travaille également sur la diffusion de la culture de l’ouverture vers l’autre, sur le rejet de tout discours faisant l’apologie de l’extrémisme, et sur le raffermissement des valeurs de citoyenneté.
Elle combat le terrorisme sur le plan culturel et éducatif, par l’organisation et la participation à des conférences, des colloques et des débats sur le terrorisme et les droits des victimes, au niveau national et international. Elle effectue également un excellent travail de sensibilisation dans les établissements scolaires. « Il faut sensibiliser les jeunes pour que l’on fasse en sorte à ce que ces actes terroristes ne se reproduisent plus. Nous sommes toujours agréablement surpris par l’attitude des jeunes, l’intérêt qu’ils portent à ce sujet, la pertinence des questions qu’il posent », explique Abdellah Ziouziou, vice-président de l’association. L’AMVT compte également investir les colonies de vacances, avec à la clé, un programme de sensibilisation prenant la forme d’ateliers.
L’entretien
Soad Bagdouri El Khammal, présidente : « Nous utilisons l’art comme outil de sensibilisation. »
Parlez-nous de l’association, de sa création…
Les attentats du 16 mai 2003 ont ciblé cinq endroits, dont le club Casa d’Espana. Ce dernier a été le théâtre du plus grand massacre, vu le nombre d’explosions et de victimes, dont mon mari, Abdelouwahid El Khammal, et mon fils Taib El Khammal, qui avait 17 ans. Nous, familles des victimes, avons décidé de créer une association nommée « Association des victimes du 16 Mai », dont j’étais présidente, pour faire face à une série de problèmes dont souffraient les familles de victimes, en l’occurrence la scolarisation des enfants. Après l’attentat de l’Argana le 28 avril 2011 à Marrakech, il a été nécessaire de créer une nouvelle association nationale, pour regrouper d’autres victimes et nous ouvrir par la même occasion à d’autres forces vives, sensibles aux questions de la radicalisation et de la lutte contre le terrorisme.
Quelles ont été vos principales actions ?
Nous avons démarré par une campagne de sensibilisation dans les établissements scolaires primaires, sur le thème de « l’éducation aux valeurs et le rejet de toute forme de violence » à Casablanca, puis nous avons élargi notre action au fil des années en ciblant d’autres villes comme Marrakech, Tanger, Tétouan, Al Hoceima, Agadir, Safi… Nous utilisons l’art comme outil de sensibilisation. Nous participons également à des rencontres internationales qui traitent du sujet des victimes du terrorisme, organisées par des instances comme l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme.
Qu’est-ce qu’il faut faire pour lutter efficacement contre l’extrémisme religieux ?
À notre avis, le meilleur combat est la promotion de l’art et l’ouverture des passerelles de communication et de sensibilisation avec les jeunes.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Continuer à travailler avec les élèves partout au Maroc, sensibiliser les parents du danger des réseaux sociaux pour leurs enfants, améliorer nos outils de travail dans le domaine de la sensibilisation par la projection de courts métrages et de témoignages, par des ateliers de peintures…
Le portrait
Abdellah Ziouziou, vice-président : L’humanisme comme crédo…
Après des études de médecine à Rabat puis à Casablanca, Abdellah Ziouziou part en France où il obtient son doctorat en psychiatrie à l’hôpital international de Paris. De retour au Maroc, il passe six mois au pavillon 36 de Casablanca, avant de prendre en charge l’hôpital psychiatrique de Berrechid. « Dans l’optique d’humaniser cet espace et de changer les conditions des patients, nous avons organisé en juin 1981, avec l’appui de l’Association marocaine des arts plastiques, des journées portes ouvertes. Nous avons également mis en place un concours de jardinage avec la participation active des malades ».
À côté, Abdellah Ziouziou a été très actif dans le monde associatif, participant à la création d’ONG historiques, telle que l’OMDH, le Cercle de Shahrazade ou encore la section marocaine d’Amnesty. Il a également animé par sa plume, une rubrique hebdomadaire au journal Ittihad al Ichtiraki. Membre fondateur de l’Association des victimes du 16 mai, il rejoint par la suite l’AMVT, pour « réaliser un travail de fond, avec d’autres acteurs de la société civile, afin d’éradiquer à la source, les idées extrémistes. »
Association marocaine des victimes du terrorisme
00 212 6 61 32 93 82
amvtmaroc@hotmail.fr
Hicham Houdaïfa