Droits et justice : le droit au service des plus faibles
Depuis 2009, l’association Droits et Justice milite contre le mariage des mineures et pour l’accès à une assistance juridique pour les plus démunis.
Décembre 2020. L’association Droits et Justice a profité des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre pour lancer, en partenariat avec l’association Les Citoyens, une campagne de sensibilisation digitale contre le mariage des filles mineures : #MazalTefla. Témoignages de victimes et d’experts, présentation d’éléments concrets sur la situation du mariage des mineures au Maroc, #MazalTefla propose un contenu multimédia destiné à lutter activement contre le mariage des mineures.
Des caravanes pour comprendre
En fait, et suite à des caravanes de proximité que l’association a organisées depuis sa création, « l’association a pu détecter et mettre le doigt sur les problématiques qui nécessitent la mise en place d’une série de projets », explique Amal El Amine, coordinatrice des projets au sein de l’association. Ainsi en 2014, Droits et Justice a lancé son premier programme intitulé « Combattre le mariage des mineures au Maroc ». Dans ce cadre, l’ONG a multiplié les actions afin de sensibiliser l’opinion publique « sur le mariage des mineures, mobiliser les acteurs concernés par la problématique et mener un plaidoyer auprès de l’État pour interdire immédiatement le mariage des mineures et supprimer l’article 16 de la Moudawana qui favorise la prolifération du phénomène. »
L’association organise des conférences de presse, notamment à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre l’exploitation sexuelle qui se tient chaque année le 4 mars. Elle met en ligne une vidéo de sensibilisation et lance avec d’autres associations, des pétitions, pour lutter contre le mariage des mineurs. En 2016, Droits et Justice lance son programme « Promouvoir la parité homme/femme dans le système judiciaire au Maroc » qui sera suivi par un autre projet, « Aide Juridique pour les Réfugiés et demandeurs d’asile au Maroc ».
Depuis 2009, l’association a pu lancer plusieurs activités. « En plus des caravanes de sensibilisation sur les droits des femmes et la problématique du mariage des mineures, nous avons également organisé des conférences et tables rondes sur les libertés publiques au Maroc et l’État de droit, une série de mini conférences en partenariat avec le club des magistrats, sur la réforme de la procédure pénale ainsi que des tables rondes avec les juges des quatre régions au Maroc, autour de la problématique du mariage des filles mineures », explique Mourad Faouzi, président de l’association. Droits et Justice a également mis en place un centre d’écoute qui apporte une assistance juridique gratuite aux personnes démunies, à commencer par les femmes victimes de violences.
L’entretien
Mourad Faouzi, président : Pour une approche participative
Tout d’abord, parlez-nous de l’association, des raisons de sa création.
Droits et Justice est une association a but non lucratif, fondée en 2009 par deux jeunes avocats. Elle œuvre pour l’avènement d’un État de droit au Maroc, tout en améliorant son système judiciaire. L’association a démarré par des caravanes itinérantes de sensibilisation sous le slogan « La citoyenneté : droits et obligations », qui ont sillonné toutes les régions du Maroc, les zones enclavées en particulier. Le principe de ces caravanes est de permettre aux personnes démunies, issues des milieux défavorisés et qui n’ont pas accès ou les moyens de consulter un avocat, d’avoir le droit à une assistance juridique.
L’association dispose également d’un centre d’écoute dédié à toutes les personnes qui ont besoin d’un accompagnement juridique, en particulier les femmes victimes de violence. Tous les projets menés par l’association adoptent une approche droit participatif, qui implique toutes les parties prenantes tout en focalisant ses actions sur trois axes suivants : la sensibilisation, le plaidoyer et le renforcement des capacités des associations, des juges ou des agents de police, ces derniers étant les garants de l’application des lois.
Pourquoi lier droits à justice ?
Nous avons fait exprès de nommer l’association Droits et Justice, car ces deux concepts sont étroitement liés. L’instauration de la justice est conditionnée par le respect des droits de chaque citoyen sans aucune discrimination. L’objectif global de l’association est l’établissement et la promotion de l’État de droit. Pour ce faire, il faut absolument réformer la justice au Maroc.
Quels sont les plus récentes activités de l’association ?
L’association a publié en mars dernier une étude nationale sur le mariage des mineures. Nous avons récemment initié la création d’un collectif avec dix associations et publié un mémorandum de plaidoyer contre le mariage des mineures au Maroc. Nous avons enfin lancé une campagne de sensibilisation digitale #MazalTefla qui s’inscrit dans la durée. Par ailleurs, nous allons continuer à mettre en place des actions qui contribuent à l’établissement d’un État de droit dans notre pays.
Le portrait
Amal El Amine, coordinatrice des programmes : le terrain d’abord
À 28 ans, Amal El Amine s’est déjà fait un nom dans le monde de la société civile. Cette diplômée de l’Institut national de l’action sociale de Tanger a travaillé dans l’associatif alors qu’elle était encore étudiante. À l’âge de 21 ans, elle a été animatrice de colonie de vacances, en faveur des enfants du quartier Dar Al Baroud à Tanger. Une année plus tard, elle a fait un stage au sein de l’organisation SOS Village à Imzouren, puis un autre au tribunal de la Cour d’appel en qualité d’assistante sociale judiciaire à la cellule de la femme et de l’enfant sujet de violence à Tanger.
Sa carrière professionnelle dans l’associatif débute également à Tanger, au sein de l’Association marocaine des petits débrouillards, en tant que coordinatrice, puis comme chargée de projets. « Le travail de terrain est primordial. C’est comme cela que l’on apprend les réalités de ce pays. » En 2015, elle rejoint Insaf, l’association casablancaise qui travaille sur les mères célibataires ainsi que sur le travail de mineures. Elle y assume les fonctions de responsable de suivi, puis de responsable du pôle communication et plaidoyer, avant de rejoindre Droits et Justice.
La fiche signalétique
Droits & Justice
131, Boulevard Abdelmoumen, 5e étage, apt. 21, Casablanca
Tel : 00 212 5 22 25 82 66 et 00 212 5 22 25 82 66
contact@droitetjustice.org