Édition,
investigation
et débat d'idées

La SPANA au service de la nature

Plus connue dans le registre de la protection des animaux, la SPANA est en fait un acteur central de la sensibilisation à la cause verte au Maroc.

Depuis le début de la pandémie, notamment à Marrakech, une association est montée au créneau pour venir en aide aux chevaux de calèche et autres mulets qui souffraient en grande partie de malnutrition. En effet, à cause de la crise engendrée par le Covid19 et l’arrêt de l’activité touristique, les propriétaires de calèches de Marrakech et des mulets d’Imlil se sont trouvés dans l’impossibilité de nourrir leurs bêtes. Plusieurs tonnes d’aliments ont ainsi été distribuées depuis l’instauration de l’état d’urgence sanitaire. « Les secteurs les plus touchés sont ceux qui dépendent de l’activité touristique (calèches et dromadaires de Marrakech et les muletiers d’Imlil (Parc national du Toubkal), qui travaillent essentiellement avec les touristes). La SPANA, en plus des soins gratuits, a mis en place pour les cas urgents un programme daide alimentaire destiné aux animaux de travail. Plusieurs campagnes de distribution daliments ont été organisées au profit de cette catégorie d’animaux depuis le début de la pandémie de Covid-19. De même, la SPANA a renforcé son service de sauvetage des équidés de travail abandonnés ou en détresse », explique Hassan Alyakine, vice-président de la SPANA, la Société protectrice des animaux et de la nature du Maroc. En fait, les activités vétérinaires occupent une place importante dans le travail de l’association qui dispose de cinq centres, dédiés aux consultations, traitement et hospitalisations des équidés, chiens et chats.

Formation et sensibilisation

Depuis sa création, la SPANA a multiplié les actions au profit de la faune et de la flore du Maroc. Le Centre national d’éducation environnementale (CNEE) de Sidi Boughaba, qui a été créé en 1992, par une convention entre la SPANA et l’administration des Eaux et Forêts, « assure la sensibilisation de milliers de visiteurs et dispense un programme spécifique d’éducation environnementale aux groupes, notamment scolaires. Pour cela, il dispose d’un personnel spécialisé, d’un sentier de découverte de la nature équipé et de locaux de cours, de travaux pratiques et d’observation d’oiseaux, ainsi que de moyens pédagogiques. » D’ailleurs, depuis 2002, la gestion de la réserve de Sidi Boughaba a été entièrement confiée à la SPANA. Autre grand projet de la SPANA, le Programme des petits dons (PPD), mis en œuvre entre 2003 et 2007. « L’objectif, c’était d’aller à la rencontre des populations précarisées riveraines des parcs protégés et de développer, à partir de leurs besoins, des projets, qui sont exécutés par les associations locales et qui leur permettent d’améliorer leur vécu et leurs revenus. Ce qui automatiquement permet la diminution de la pression sur ces zones naturelles et leur sauvegarde », explique Abdeslam Bouchefra, secrétaire général de l’association. En tout 73 projets ont vu le jour grâce à ce programme, dans le Parc national du Toubkal, de Khnifis, d’Al Hoceima et à Jbel Moussa.

La SPANA a été à l’origine de la mise en place de l’exposition de l’écomusée du Parc dans la maison du parc située entre Asni et Imlil, sur une superficie de 725 m2.  Et pour sensibiliser un  plus grand nombre d’élèves, l’association a lancé une exposition itinérante sur la biodiversité naturelle marocaine ainsi que sur les animaux domestiques de compagnie et de travail. L’exposition a fait le tour des villes marocaines et a touché des centaines de milliers d’écoliers.

L’entretien
Hassan Alyakine, vice-président : « Nous allons cibler les zones les plus touchées par la crise. »

Hassan Alyakine

Parlez moi tout d’abord de la SPANA, de sa naissance et de ses objectifs…

La Société protectrice des animaux et de la nature (SPANA) est une association marocaine, dont la présidente d’honneur est la princesse Lalla Asmae. Ses objectifs vont de l’amélioration du bien-être des animaux de travail appartenant à des personnes démunies à la conservation du patrimoine naturel national, en passant par la formation, l’éducation et la sensibilisation du public au bien-être des animaux et à la protection de la nature ou encore le développement de l’équithérapie pour les personnes à besoins spécifiques.

Quelles sont les principales actions réalisées par la Spana ?

La SPANA dispose d’une administration centrale à Harhoura (Temara) et de six centres à travers le Maroc : Casablanca, Marrakech, Chemaia, Had Oulad Frej, Khemisset, ainsi que le Centre national d’éducation environnementale (CNEE) de Sidi Boughaba. Ce dernier a été créé en 1992 dans le cadre d’une convention de partenariat avec les Eaux et Forêts. Le CNEE est spécialisé dans l’éducation environnementale. Les cinq autres disposent de centres de soins et d’hospitalisation des animaux et des classes d’éducation au bien-être des animaux et un centre d’équithérapie à Casablanca. La SPANA mène ces activités dans le cadre de conventions de partenariat avec le Ministère de l’agriculture, le département des Eaux et Forêts et le ministère et les académies régionales de l’Éducation nationale et la formation professionnelle.

Comment la Spana a adapté ses actions durant ces temps de pandémie ?

La SPANA Maroc est affiliée à la SPANA Grande Bretagne (Society of the Protection of Animal Abroad), son principal bailleur de fonds. À l’instar des autres ONG, la SPANA n’a pas été épargnée par l’impact de la pandémie du Covid-19. En effet, cette crise sanitaire a eu des répercussions négatives sur la collecte des fonds et par conséquent sur nos activités. La situation précaire de la plupart des propriétaires d’animaux de travail s’est reflétée sur l’état de santé de ces derniers. En effet les propriétaires, privés de revenus à cause de l’arrêt de l’activité économique, n’arrivent plus à faire face aux besoins de leurs animaux. Ainsi, plusieurs campagnes de distribution d’aliments ont été organisées avec la SOREC, Alef Sahel et d’autres partenaires, au profit de cette catégorie d’animaux. En ce qui concerne les activités d’éducation et de sensibilisation, après un arrêt de plusieurs mois, et en commun accord avec les académies régionales du ministère de l’Éducation nationale, nous avons choisi de  dispenser le programme dans les établissements scolaires pour éviter le déplacement des élèves dans les centres SPANA.

Quels sont vos projets pour les années à venir ?

Nous prévoyons en 2022 de maintenir les soins des animaux au niveau de nos centres ainsi que le programme éducatif. Par ailleurs, nous allons cibler les zones les plus vulnérables et les plus touchées par la crise en montant des projets intégrant nos trois activités principales qui sont : le traitement gratuit des animaux malades et/ou blessés, la formation, l’éducation et la sensibilisation du public (jeunes et adultes), ainsi que la mise en œuvre de programme de développement communautaire pour aider les propriétaires des animaux à surmonter les difficultés et adhérer à la cause du bien-être des animaux.

 

Le portrait
Abdeslam Bouchefra, secrétaire général : à la rescousse des zones humides

Abdeslam Bouchefra

Pour cet ingénieur forestier à la retraite et secrétaire général de la SPANA, la défense de la nature est plus qu’une vocation, c’est une véritable mission. C’est dans le registre des zones humides qu’Abdeslam Bouchefra s’active. Chargé par la SPANA de la conservation et de la sauvegarde du site classé de Ramsar Sidi Boughaba, en convention avec les Eaux et Forêts, Abdeslam Bouchefra connaît bien le sujet. Chaque fois qu’une zone humide est en danger, il monte au créneau. Ce fut le cas notamment pour la zone humide de Daït Aoua. En juillet 1994, cette zone située dans le Moyen Atlas a connu un assèchement inquiétant du fait notamment d’activités agricoles intensives, surtout en arboriculture. « Au cours des dernières décennies, le Maroc a perdu 50 % de ses zones humides. Victimes de leur richesse, ces zones humides ont été surexploitées. Nous avons besoin de politiques de protection effectives pour ces zones. » Au sein de la SPANA, Abdeslam Bouchefra s’est également investi dans l’éducation à l’environnement, surtout pour les plus jeunes. La meilleure des manières pour voir émerger dans les prochaines années, une génération plus soucieuse de son patrimoine naturel.


La fiche signalétique
Société protectrice des animaux et de la nature du Maroc (SPANA)
41 Résidence Zohra, Harhoura
Tel : 05 37 74 72 09


Hicham Houdaïfa

20 avril 2021