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Édition au Maroc : le rapport 2019

Depuis cinq ans, l’ouverture du Salon international de l’édition et du livre de Casablanca est précédée par la publication, par la Fondation du roi Abdul-Aziz Al Saoud pour les Études islamiques et les Sciences humaines, de son rapport annuel sur l’état de l’édition et du livre. Cette étude bibliométrique, menée sous la direction de Mohamed-Sghir Janjar, porte sur le livre de littérature générale – à l’exclusion des ouvrages pratiques, des livres jeunesse, des manuels scolaires et des publications en sciences exactes – et recense les ouvrages (livres et revues) publiés, pour l’année 2018-2019, en littérature et en sciences humaines et sociales.

Cette 5ème livraison confirme des tendances de fond :

  • une augmentation de la production, avec 4 219 titres en tout, livres et revues, imprimés et électroniques, soit 1,75 % de plus que l’an dernier ;
  • le renforcement de la production éditoriale en arabe : 78,18 % contre 18,35 % en français (contre 82 % arabe et 14 % français l’an dernier)
  • une augmentation du prix, en moyenne 72,74 dirhams, soit 3,38 % de plus que l’an dernier ;
  • la stabilisation de l’édition à compte d’auteur à 25 % ;
  • la confirmation de l’émergence de l’édition numérique, qui représente 20,31 % du total, contre 3,4 % en 2015-2016. Le numérique ne concerne toutefois que les rapports et les documents publiés par de grands organismes publics et privés : l’économie, les études islamiques, les sujets politiques et de société y sont dominants. Quant à l’édition commerciale de littérature générale, elle en est totalement absente. Mais, notent les auteurs, « il s’agit bel et bien d’une dynamique importante qui est en passe de modifier les principaux éléments constitutifs du champ éditorial traditionnel».

 

Faible structuration de la recherche

Les auteurs du rapport soulignent l’indigence de la production universitaire (0,95 % avec seulement 29 thèses de doctorat publiées), et la crise des revues culturelles et académiques. Au delà des problèmes structurels que connaît ce dernier type de publication (fragilité économique, irrégularité de la parution, problèmes de diffusion, etc.), ils estiment que cette crise est révélatrice de la « faible structuration de la recherche scientifique en sciences humaines et sociales ». « Étant donné le rôle de catalyseur de la vie culturelle leur crise [des revues] dans le paysage intellectuel et éditorial marocain serait ainsi l’un des symptômes les plus visibles de l’absence d’une communauté scientifique active et structurée. »

Pour télécharger le rapport, en arabe ou en français, c’est ici.

Kenza Sefrioui

5 février 2020