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Bank de solidarité: Agir pour la santé

Depuis 2015, Bank de solidarité multiplie les actions pour venir en aide aux plus démunis des migrants et réfugiés.

Casablanca, arrondissement Essoukhour Assawda. Les locaux de cet établissement ont abrité un événement pas comme les autres. Durant toute la journée du samedi 29 septembre 2018, des centaines de réfugiés et des migrants ont bénéficié de consultations médicales gratuites, d’auscultations faites par des généralistes et des spécialistes, ainsi que de dépistages. Des médicaments ont été également distribués à cette population qui souffre de précarité. Cet événement est porté par l’association Bank de solidarité et a vu la participation d’autres associations œuvrant dans le domaine de la santé, comme l’Association marocaine pour la lutte contre le sida (ALCS).

Élan de solidarité

Bank de Solidarité a vu le jour en 2015 afin de répondre aux besoins d’une population fragile de migrants et de réfugiés. Constituée en grande partie de citoyens subsahariens vivant et travaillant depuis plusieurs années au Maroc, elle compte également un membre marocain, son responsable financier, qui a offert de domicilier gracieusement l’association à son cabinet. C’est là que les membres de l’ONG tiennent leur assemblée générale et leurs réunions. « J’ai voulu faire partie de cette association afin de venir en aide aux plus démunis », explique Moujib Abdellatif, par ailleurs fiduciaire et gérant d’une société.

L’association rassemble des étudiants, un biologiste, un journaliste et des personnes qui travaillent dans la communication. « L’une des raisons de la création de cette association, c’est qu’en tant que Subsahariens, nous sommes mieux placés pour comprendre les problèmes de notre communauté », explique Alain Bouithy, son secrétaire général.

Si elle organise des actions de distribution d’aliments et de vêtements pour les migrants sans-abris ou dans les ronds-points des grandes villes, Bank de solidarité a choisi d’agir par le créneau de la santé, et ce pour deux raisons. D’une part, la communauté subsaharienne dispose de plusieurs médecins actifs au Maroc dans toutes les spécialités – une aubaine ! Et de l’autre, la population des migrants souffre d’un important déficit en termes d’accès à la santé. « Plusieurs jeunes sont morts parce qu’ils se sont présentés trop tard chez les médecins. Les problèmes de santé les plus fréquents chez cette population sont d’ordre psychologique. On note également la prépondérance de maladies de peau et des dysfonctionnements digestifs », ajoute Alain Bouithy. Et de conclure : « Nous sommes touchés par l’engagement des médecins subsahariens, mais également marocains, qui après une nuit de garde viennent pour soulager la douleur de ces personnes fragilisées. »

L’entretien
Ebeha Beyeth Gueck, président : « On dénombre plus de 4 000 bénéficiaires »

Ebeha Beyeth Gueck

Présentez-nous votre association et ses objectifs.

La Bank de solidarité est une association humanitaire à but non lucratif. Elle a été créée à Casablanca en 2015. L’association a pour objectif de venir en aide aux laissés pour compte de la société, des migrants et réfugiés, sans distinction aucune d’origine, de race, de sexe, de religion, d’opinion politique ou de position sociale et de proposer des actions pouvant faciliter leur réinsertion, l’aide au retour, la lutte contre le racisme… Nous œuvrons aussi pour aider les personnes en grande difficulté par une assistance sur le plan matériel et moral, dans le respect de ses convictions et de sa dignité. Nous cherchons à favoriser l’accès à la santé pour tous et à encourager et motiver les catégories sociales défavorisées pour accéder au monde du travail. Enfin, un de nos objectifs est le développement de l’esprit de solidarité et de citoyenneté chez les Maghrébins et Subsahariens.

L’accès à la santé pose-t-il problème pour les migrants et les réfugiés ?

L’accès à la santé est problématique pour les migrants et les réfugiés, au niveau de l’accès aux hôpitaux et des centres intégrés marocains. Cette couche sociale jugée vulnérable est en manque d’informations sur le système de santé. C’est pour cette raison que la Bank de solidarité organise de manière régulière des campagnes de sensibilisation et des journées de consultations médicales gratuites dans les villes où le besoin se fait sentir.

Quelles sont vos principales réalisations ?

Nous avons procédé à plusieurs actions comme la distribution de kits scolaires, de couvertures aux personnes vulnérables et de repas chauds. Nous avons fait de l’accompagnement dans les hôpitaux et à certaines démarches administratives (préfecture de police, ambassades, écoles et établissement scolaire et formation professionnelle). Pour ce qui est de nos campagnes médicales, on dénombre plus de 4 0000 bénéficiaires avec plus de 50 000 médicaments distribués gratuitement. Cette action n’aurait pas pu exister sans notre réseau de 25 médecins bénévoles marocains et subsahariens, de différentes spécialités et rattachés à différents hôpitaux du Royaume. Une pharmacie solidaire est en cours de constitution avant la fin de cette année.

Quels sont les problèmes auxquels vous faites face ?

Nous sommes régulièrement confrontés à un manque de moyens financiers.

Le portrait
Alain Bouithy, Secrétaire général : Le journaliste engagé

Alain Bouithy

Reporter depuis près de 20 ans au sein de la rédaction du quotidien marocain Libération, Alain Bouithy s’est également investi dans le travail associatif depuis son arrivée au Maroc en 1994. Après avoir fait des études à l’IGA et au Cesa où il obtient son diplôme en marketing et en communication, Alain Bouithy s’installe au Maroc. En 2002, il préside l’Acorem, l’Association des congolais résidant au Maroc. « À l’époque, tout le monde venait au Maroc pour faire ses études. Il n’y avait pas encore de clandestins. »

À partir de 2005, la situation change et Alain Bouithy s’engage au sein du Comité d’entraide internationale afin de venir en aide aux populations subsahariennes dans le besoin. « Ce sont les églises catholiques et protestantes qui ont été les premières à s’intéresser à cette communauté. Puis, des associations marocaines sont venues à la rescousse. » En 2015, il participe à la création de Bank de solidarité, afin « de soulager les ONG marocaines et participer activement à cet élan de solidarité »…


La fiche signalétique

Bank de solidarité

387 bd. Mohammed V, 7ème étage, n°19, Casablanca

00 212 6 66 32 89 48

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Hicham Houdaïfa

Page publiée dans La Vie éco en octobre 2018

1 décembre 2020