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Idmaj au service de Sidi Moumen

Le centre Idmaj offre depuis 2006 une panoplie de services aux enfants, jeunes et femmes de Sidi Moumen et des quartiers avoisinants.

Depuis sa création, Idmaj œuvre à changer le visage de Sidi Moumen, à Casablanca, un quartier dont l’image colle aux attentats du 16 mai 2003. Idmaj, mais également le centre culturel des Étoiles de Sidi Moumen et le Complexe social Oum Keltoum s’imposent aujourd’hui comme des acteurs culturels et des espaces d’intégration sociale dans le quartier.

Idmaj, la plus ancienne de ces trois structures, est ouverte sur son environnement. Les bénéficiaires du centre viennent de Sidi Moumen, mais aussi de Salmia, Hay Moulay Rachid, Ben Msick et Lahrawiyine, ainsi que des bidonvilles de Rhamna et Thomas. Dès l’entrée, on voit des enfants jouer dans la grande aire qui sert de terrain omnisport, des volontaires s’activer, des jeunes filles s’entraîner à parler en anglais. Un panneau exhibe la devise d’Idmaj : « Believe in what you do, lead by example and never give up » (Croire dans ce qu’on fait, montrer l’exemple et ne jamais désespérer). Tout autour de l’aire, des petites pièces abritent différents ateliers : couture et broderie pour les femmes, cours d’alphabétisation. À l’intérieur du bâtiment, on découvre une bibliothèque de plus de 4 400 livres. Cinq classes d’une capacité de 200 élèves sont réservées à du soutien scolaire pour les collégiens et lycéens, à des cours d’informatique, de langue (français et anglais), de mathématiques et autres matières scientifiques. Ce sont les jeunes du quartier, des étudiants universitaires en majorité qui dispensent ces cours. Le centre possède aussi une salle informatique avec 15 ordinateurs. Une salle de spectacle sert de lieu pour des concerts de musique, de cours de danse, de théâtre, de chant, mais également des conférences, des séminaires. De plus, un autre centre culturel et communautaire à Sidi Moumen a été bâti afin de renforcer la capacité du centre Idmaj.

L’éducation à travers le sport

Pendant le confinement, Idmaj, dans un élan de citoyenneté, a transformé le centre en un abri pour les femmes sans foyer, et a assuré à de nombreuses femmes sans toit des chambres, des douches ainsi que des repas. Elles ont été suivies par des psychologues et des coaches. En octobre dernier, le centre a enfin rouvert ses portes et repris ses activités classiques. Et l’aventure est loin d’être terminée.

Après avoir inauguré un autre centre à Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi, Idmaj d’apprête à s’installer à Salé afin de venir en aide aux milliers de jeunes des quartiers marginalisées de cette ville. L’association lance également dans les semaines à venir le programme Civic Education through sportsen collaboration avec la NBA, l’Agence française de développement, France Expertise et Joy Association.

L’entretien

Boubker Mazoz, fondateur de l’association « Idmaj des quartiers » : Former des jeunes, leaders dans leur communauté

Boubker Mazoz

Pourquoi avez-vous choisi de travailler à Sidi Moumen ?

Notre choix de débuter nos actions à Sidi Moumen n’est pas fortuit. Ce quartier est l’un des plus surpeuplés du Maroc et l’un des plus anciens à abriter des bidonvilles. Il fallait s’y attaquer à la précarité, l’exclusion sociale et la violence. Depuis sa création, Idmaj inscrit ses actions dans une dimension de prévention sociale qui met l’accent sur la protection de la jeunesse contre la victimisation et contre les fléaux sociaux tels que la délinquance, l’addiction ou l’extrémisme.

Quelles sont les prestations qu’offre Idmaj à la population ?

Cela va du préscolaire au soutien scolaire, en passant par les activités parascolaires, l’apprentissage des langues étrangères. Nous dispensons aussi des modules de volontariat, d’éducation civique, de life skills (compétences de la vie)… Tous ces programmes visent à l’intégration de la population dans le développement de la communauté.

Les cadres d’Idmaj sont en grande partie originaires du quartier, est-ce un choix ?

Bien sûr. Mon objectif dès le départ était de former des jeunes pour être des leaders et participer au fonctionnent du centre. 90 % du staff est originaire de Sidi Moumen et la plupart étaient des élèves du centre. Ces jeunes se sont distingués par leurs talents, leur sérieux, leur sens des responsabilités, leur sociabilité et leur prédisposition à venir en aide aux autres. Mon but n’était pas de m’imposer à ces jeunes mais plutôt de les aider et de partager mon savoir, mes expériences ainsi que mes idées avec eux, et de leur donner l’opportunité de réussir dans leurs études, de découvrir leurs talents et de les former pour être des leaders dans leur communauté.

Le portrait
Selma El Mettichi, vice-présidente : du talent à revendre

Selma El Mettichi

« Je fais partie de cette association depuis l’âge de 8 ans », nous lance Selma El Mettichi, 20 ans, aujourd’hui secrétaire générale adjointe d’Idmaj. Licenciée en littérature anglaise, Selma El Mettichi a été amenée à Idmaj par sa mère afin d’y bénéficier de cours de soutien scolaire, que l’association facture symboliquement à 10 dirhams par mois. Elle aura accès en plus du soutien scolaire, à l’apprentissage des langues, notamment l’anglais. « C’est à Idmaj que j’ai compris que les études étaient d’une grande importance. À Idmaj, j’ai aussi pris conscience que l’espoir m’était permis. » Selma El Mettichi va avoir une scolarité exemplaire et devenir une des jeunes filles les plus actives de l’association. Durant son jeune parcours, elle aura l’occasion de rencontrer en 2016 à Marrakech Michelle Obama et Meryl Streep dans le cadre de l’initiative Let girls learn et ira même à Washington rendre visite à la First lady à la Maison Blanche. Après avoir pris en charge pendant des années le pôle enseignement d’anglais aux adultes à Idmaj, elle s’impose aujourd’hui comme une des figures les plus actives de l’association.


La fiche signalétique
Idmaj, Sidi Moumen Cultural center
Boulevard Abdallah Ibrahim
Arrêt tram : Hôpital Sidi Moumen
Tel : 05 22 70 31 06


Hicham Houdaïfa

6 avril 2021