Édition,
investigation
et débat d'idées

ONDH : Des enquêtes pour mieux agir

Depuis 2012, l’Observatoire du Nord pour les droits humains (ONDH) multiplie les rapports sur des sujets sensibles. Il organise également des activités au profit des jeunes de cette partie du Maroc.

Depuis trois ans, de Martil son quartier général, l’ONDH, à travers sa section jeunesse, Academy of Change, organise un atelier sur le conte, animé par Le Cercle de Shahrazade. De jeunes femmes de 19 à 25 ans, en grande partie des étudiantes, ont ainsi pris part à des ateliers sur la hikaya, un patrimoine marocain par excellence. « Ce sont des ateliers importants parce qu’ils prennent en considération l’approche genre tout en faisant la promotion de valeurs importantes pour le vivre-ensemble dans notre pays », lance Mohamed Ben Aissa, président de l’Observatoire.

Focus sur les jihadistes

L’ONDH s’est fait connaître à l’échelle nationale par ses rapports sur l’extrémisme religieux dans les villes du Nord du pays, Tétouan, Fnideq, Martil… À un moment où un nombre considérable de jeunes de ces régions rejoignait les groupes jihadistes dans les foyers de tension, ces rapports, repris largement par la presse nationale, ont apporté un éclairage précieux sur ce phénomène extrêmement complexe. « Depuis 2014, nous avons fait du terrain et élaboré des rapports sur le sujet du jihadisme afin de mieux cerner ce phénomène et comprendre les raisons qui poussent nos jeunes à aller risquer leur vie dans les foyens de tension. Cela nous a permis de rendre public des recommandations et de conduire des campagnes de sensibilisation », ajoute Mohamed Ben Aissa.

L’Observatoire du Nord pour les droits humains s’est également investi dans le traitement des sujets de la migration à travers des rapports sur l’indice de migration au Nord du Maroc, mais aussi en médiatisant les violations qu’il constate sur les violations des droits des migrants subsahariens tant de la part des Espagnols que de la partie marocaine. « Nous avons organisé des opérations d’aide humanitaire aux migrants subsahariens qui sont encore dans la forêt de Belyounech. L’ONDH s’est également investi dans le suivi de la situation des femmes marocaines qui transportaient, dans des conditions inhumaines, les marchandises de Sebta à Fnideq », conclut Mohamed Ben Aissa.

L’entretien
Mohamed Ben Aissa, président : « Nous avons travaillé sur le phénomène jihadiste. »

Mohamed Ben Aissa

Parlez-nous de l’ONDH…

L’ONDH a été créé en 2012 par un groupe de jeunes de la région afin de travailler sur des sujets ayant une relation avec les droits de l’Homme. Il s’agissait aussi pour nous de développer des stratégies scientifiques afin d’expliquer les évolutions de nos sociétés.

Quelles ont été vos principales actions ?

Nous avons axé nos actions sur les études de terrain. Nous voulions être des acteurs des événements. Nous avons choisi plusieurs thématiques ayant un rapport avec le Nord du Maroc comme l’extrémisme religieux considéré comme un tabou à l’époque, mais aussi l’immigration, la santé, l’enfance et la jeunesse… Grâce à ces études, nous avons pu faire des propositions concrètes et une série de recommandations aux autorités locales et au gouvernement marocain. Nous avons produit, entre 2014 et 2018, un nombre important d’études sur les jihadistes du Nord du Maroc qui ont rejoint les groupes extrémistes en Syrie. Nous étions pratiquement les seuls à travailler sur ce sujet. Nos rapports étaient systématiquement repris par la presse nationale et internationale.

Quels sont les obstacles auxquels vous faites face ?

Travailler sur des sujets délicats n’est pas de tout repos. Il nous place dans une situation difficile aussi bien vis-à-vis des parties concernées, que des services de l’État. Nous souffrons également d’un problème de financement pour ce genre d’études et d’activités.

Quels sont vos objectifs pour les années à venir ?

Nous espérons approfondir nos actions et nos études afin de donner plus de sens à ce qui se passe dans notre pays. À travers Academy of change, une association dédiée spécifiquement aux jeunes, nous voulons multiplier les actions et les activités ciblant les jeunes.

Le portrait
Mohamed Younes, secrétaire général : Monsieur tout terrain…

Mohamed Younes

Originaire de la petite ville de Fnideq, à quelques centaines de mètres de l’enclave de Sebta, Mohamed Younes est un des piliers de l’ONDH. Ce commerçant a d’abord milité au sein d’une association professionnelle avant de rejoindre l’ONDH en 2013. C’était la période où la région du Nord du Maroc connaissait un départ important de jihadistes vers les foyers de tension, surtout la Syrie. « À partir de 2014, j’ai travaillé sur les différentes études que l’ONDH a réalisées sur ce sujet de l’extrémisme religieux au Nord du Maroc. » L’homme va à la rencontre des familles des jihadistes, établit le contact avec les radicaux qui étaient alors en Syrie. Objectif : réaliser des études scientifiques sur ce phénomène de l’extrémisme religieux. « Cet engagement associatif et ce travail de terrain nous a permis, au sein de l’ONDH, de mieux comprendre la société dans laquelle on vit ».


La fiche signalétique

Observatoire du Nord pour les droits humains

Avenue Miramar, Hay Chbar Martil
00 212 6 62 80 13 72


Hicham Houdaïfa

15 décembre 2020